Jasmine Arnould
L’écologie, un discours ou une priorité politique ?
Journal nº6 - 02/05/2021
Dans le dernier numéro, nous nous sommes demandés " Pourquoi l’implication écologique, vitale aujourd’hui, est-elle traitée avec si peu de considération ? Pourquoi ne la regardons-nous pas comme une vraie priorité? "
Je vous ai présenté un dilemme, celui du prisionnier qui illustrait bien le problème de la confrontation entre l'écologie et l'économie.
Et, comme promis, dans ce numéro, nous allons voir un peu plus clair, en apprenant plus sur notre système économique.
Quel est notre modèle économique?
Notre modèle économique est « l’économie de marché ». C’est un système dans lequel les actions « vendre, acheter, produire et consommer» sont basées sur la confrontation de l’offre et de la demande sur le marché. En bref, dans l’économie de marché, des acteurs libres (entreprises, individus…) vont produire des biens, et ces derniers seront vendus à des acheteurs (consommateurs). Le prix de ces biens sont paramétrés sur la loi de l’offre et de la demande, c’est-à-dire, plus un bien est voulu et recherché, plus son prix augmente.
L’économie de marché se montre être très équilibrée, car tout simplement les actions sont tout à fait rationnelles et utilitaristes (#dilemmedutramway).

Par exemple : si je vous vends des pêches à 300 reais, je vends mon bien bien trop cher (jeu de mot de qualité) donc personne ne l’achètera, la demande baisse, et puisque je suis une vendeuse rationnelle je serai obligée d’ajuster mon prix (donc de le baisser) pour pouvoir vendre mes pêches.
Après tout, c’est un système économique idéal ; tout le monde a intérêt à travailler afin de gagner sa vie. En travaillant on produit quelque chose d’utile, ce que les gens vont indirectement ou directement acheter à un prix raisonnable. En soi, tout le monde est gagnant : chacun travaille et bénéficie du travail des autres !
Mais d’où vient notre système économique ?

L’économie libérale a ses origines en Europe aux environs du 18ème et 19ème siècle avec les penseurs libéraux (Rousseau, Montesquieu, Tocqueville). Petit à petit les entrepreneurs et les entreprises du monde entier ont acquis beaucoup plus de liberté. Et l’implantation d’une nouvelle économie se basait sur une pensée utilitariste : en maximisant la production économique, on maximise le bien-être de tous. Et, effectivement, ça a bien fonctionné. Grâce à cette nouvelle économie, il y a eu des richesses économiques en quantité, ce qui a permis de répondre aux nécessités de plus en plus de personnes - la population ayant énormément augmenté - faire baisser la pauvreté, le tout en modernisant l’industrie et l’agriculture.
Vu comme ça, c’est magnifique cette économie qui offre plus de liberté !
Mais n’oublions pas les conséquences négatives qui ont un impact considérable sur l’environnement, tels que la pollution, le réchauffement climatique, la détérioration de la biodiversité, etc. Et durant 40 ans ces dommages n’ont absolument pas été pris en compte ; le système économique ne s’est pas adapté aux contraintes écologiques, ce qui, entre vous et moi, est assez contradictoire, car l’adaptation est le principal leitmotive de l’économie libérale !
Bilan final l’économie n’a l’air de s’intéresser qu’aux résultats financiers et immédiats et elle se régule quand ça l’arrange, comme par exemple quand il faut ajuster le prix d’un produit afin de le vendre. Autrement dit, tout ce qui n’est pas immédiatement quantifiable ne s’ajuste pas dans notre système économique, qui oublie complètement les enjeux durables, qui eux, ne sont pas financiers, tel que le démontre notre difficulté à intégrer les comportements écologiques dans nos vies quotidiennes.

Ça n’a pas l’air rationnel tout ça… Mais pour une économie de marché ça ne pose pas de problème.
Je vais mieux m’expliquer. Nous faisons preuve de rationalité dans une action immédiate, dans une situation brève, lorsqu’un phénomène nous atteint instantanément (comme lors d’une brulure) mais cela devient un peu moins évident lorsqu’on parle d’un phénomène qui se déroule sur une échelle temporaire plus grande. Par exemple : aujourd’hui je mange une cheesecake en guise de dessert, ce n’est pas ça qui va me faire prendre du poids. Cependant, en manger un tous les jours, au bout d’un moment, résultera en quelques kilos de plus sur ma balance.

C’est le fait que l’action se répète plusieurs fois dans le temps qui cause le problème. Et c’est exactement la même chose dans l’aspect économique ! 1 tonne de C02 émis dans l’atmosphère, ce n’est pas très grave, le problème c’est l’accumulation quotidiennes de ces tonnes de CO2 dans l’atmosphère. C’est pour cela que notre rationalité est moins présente car nous faisons face à un problème qui est en partie inaperçu. C’est pour cela que notre rationalité est moins présente car nous faisons face à un problème qui est en partie inaperçu.

Par ailleurs, puisque nous parlons de logique, parlons de la logique de coût, primordiale, prônée et mise en avant par les acteurs économiques. Ces derniers se basent sur plusieurs paramètres : combien je dépense avec mes ressource, avec ma main d’œuvre, à quel prix je vais vendre, quel est mon profit dans tout ça… Et adopter une mesure écologique va forcément coûter plus cher car, par exemple, pour les entreprises agroalimentaires qui doivent choisir de bonne matières premières de qualité, qui vont suivre une culture durable, ça leur revient plus coûteux.
L'écologie vise à englober tous nos efforts collectifs sur le moyen et long terme, ce qui est en totale contradiction avec l’intérêt personnel financier à court terme.
Ce cycle sera-t-il infini?
Jasmine Arnould, 2nde2