Jasmine Arnould
L'économie VS l'écologie
Dernière mise à jour : 16 avr. 2021
Encore un dilemme?
Journal nº5 - 02/04/2021
Pourquoi l’implication écologique, vitale aujourd’hui, est-elle traitée avec si peu de considération ? Pourquoi ne la regardons-nous pas comme une vraie priorité ?
Peut-être, et surtout parce qu’elle ne s’accorde pas avec notre économie et notre système social. Les entreprises ne sont prêtes à réduire leur consommation et leur impact négatif envers la planète que superficiellement. Mais ce ne sont pas vraiment les seules, car les citoyens, qui se disent aussi écolos, le sont moins quand il faut passer à l’acte, c’est-à-dire, moins consommer.
Mes chers lecteurs, vous savez que j’aime bien les dilemmes, et on retrouve dans toute cette histoire d’écologie dans l’économie de marché le dilemme du prisonnier.
LE DILEMME DU PRISONNIER :
Le dilemme du prisonnier est un concept de la théorie des jeux décrivant une situation où des joueurs auraient intérêt à coopérer, mais où, individuellement, en l’absence de communication et de concertation, chacun a intérêt à trahir l’autre. Deux prisonniers, après avoir commis un crime, sont arrêtés et placés dans des cellules séparées, isolés l'un de l'autre, afin qu'ils ne puissent pas communiquer. Tous deux sont interrogés par un policier, qui leur propose le même accord: «Vous pouvez avouer ou garder le silence. Si vous avouez (trahir le complice) et que votre partenaire reste silencieux, toutes les charges retenues contre vous seront rejetées et vous serez libéré. Votre témoignage sera utilisé contre votre partenaire, qui recevra la peine maximale pour le crime (10 ans de prison). Si vous gardez le silence et que votre partenaire avoue, il sera libéré et vous recevrez une peine maximale. Si les deux avouent, les deux seront condamnés à une peine moyenne (5 ans). Si, toutefois, les deux gardent le silence, les deux recevront une peine plus légère (2 ans). Chaque prisonnier ne peut pas savoir si l’autre le dénoncera.

Chacun a l’intérêt de garder le silence, ainsi, ils seront libérés au bout de deux ans et non au lieu de dix ou cinq. Mais comme ils ne peuvent pas se concerter alors le meilleur choix à faire est celui de se dénoncer mutuellement, même si ils risquent de prendre cinq ans et non deux, c’est mieux car si l’un des complices décide de dénoncer, l’autre se prend dix ans de prison !
Mais pourquoi parler de ce dilemme ?
Le dilemme du prisonnier illustre parfaitement le fait que nos intérêts personnels ne vont pas forcément avec les intérêts collectifs. On retrouve alors notre problème de l’écologie : adopter une attitude écologique serait le seul moyen d’éviter une crise mondiale, mais, cette action a un coût sur les intérêts des acteurs économiques : aller vers les énergies renouvelables dont les installations sont coûteuses, changer de modèle de production, arrêter de fabriquer des produits polluants alors qu’ils sont assez demandés par les consommateurs (car moins cher). Avoir une attitude écologique coûte aussi plus cher dans notre quotidien. Et chaque acteur économique se dit « et si je suis le seul à prendre des mesures écologiques ? et si les autres ne le font pas non plus ? si je suis le seul à m’engager, mes coûts vont forcément augmenter et je ne serai plus concurrentiel. »

L’écologie, ça ne devrait pas être si compliqué. Il suffirait juste de se mettre d’accord pour réduire sa consommation. Mais alors ça nous demanderait plus d’efforts individuels. L’écologie se retrouve en confrontation perpétuelle avec nos valeurs économiques et sociales si implantées dans notre société moderne où tout est simplifié et facilité. Et puisque notre système économique est libéral et concurrentiel, la concertation et la coopération n’ont pas lieu. L’écologie n’est pas mise comme priorité et est laissée de côté. On revient au dilemme du prisonnier, la meilleure solution serait de garder le silence, mais puisqu’ils ne peuvent pas se concerter, alors il vaut mieux se dénoncer l’un l’autre, les intérêts personnels prenant le devant sur l’intérêt collectif.
Les solutions à tout ça qui pourraient être efficaces sont malheureusement irréalistes et ne sont pas, encore une fois, en accord avec notre structure économique. Et puis après tout, changer tout ça, tout ce système implanté dans notre société depuis déjà si longtemps nécessiteraitun énorme changement dans toutes nos organisations juridiques, économiques et sociales. Être écologique, c’est quoi ? C’est consommer moins. Si on achète moins, la production doit diminuer. Moins de production équivaut à moins d’offres d’emplois. Moins d’offres d’emplois, plus de chômage, et plus de chômage va exiger du gouvernement plus d’indemnités. Mais puisque les entreprises produisent moins et embauchent moins elle payeront moins d’impôts. Et comme les travailleurs n’auront plus d’activités, ils ne paieront plus d’impôts. Et les impôts, c’est quoi ? Ce qui finance les indemnités !
On est bien en train d’essayer de trouver des solutions avec la mise en place d’un consensus international.
Les gouvernements font face au même dilemme du prisonnier que les autres acteurs économiques : ils ne vont pas sacrifier la compétitivité économique de leur pays. De plus, chaque nation a ses propres réalités. Comment demander aux pays en phase de développement qui font face quotidiennement aux problèmes tels que la faim, la pauvreté, les problèmes sanitaires, de refuser d’utiliser des sources d’énergies bon marché, pas chères qui sont les premières à contribuer à leur développement. Comment demander à ces États et entreprises d’arrêter ces activités qui fournissent des milliers d’emplois ?
D’ailleurs, dans l’accord de Paris on se retrouve face à un autre dilemme. Les pays développés, principaux responsables de l’augmentation des gaz à effet de serre, doivent-il se responsabiliser du financement de cette transformation et conscientisation écologique dans les pays non développés ?
Bilan final, c’est une situation sans porte de sorties : personne n’est d’accord ; les intérêts personnels prennent le devant de la scène et l’écologie (l’intérêt collectif) reste derrière comme un joli petit décors. Et puis quand on y pense, même si un État ou plusieurs États se réveillaient un jour et se disaient, « aller, on y va, on change le monde » et s’élançaient dans une révolution économique, ils produiraient un effet bien insuffisant et seraient incapables d’influencer le reste du monde.

La flexibilité des choix de solutions est donc limitée : de petites réformes sont possibles telles que des mesures fiscales, dont les écotaxes, les taxes sur la consommation de Carbonne et les accord internationaux tels que celui de Paris. Mais malheureusement cela ne suffit pas assez pour résoudre la crise environnementale.
La grande question qui se pose est : réussirons-nous à atteindre un engagement plus effectif qui mettra fin à cette confrontation entre l’écologie et l’économie ?
Car, quand on y pense, un jour, il faudra bien l’avoir, cette réforme économique ! Notre monde est en danger, et ce sera à nous, de gérer les problèmes dus à ces contraintes écologiques. Et on le sait bien tous, ces questions auxquelles nous ne voulons pas répondre aujourd’hui, que nous plaçons comme décors au fond de la scène, viendront hanter notre futur tôt ou tard.

Et si le système économique actuel n’est pas capable de s’adapter en 40 ans aux enjeux écologique, sera-t-il capable de le faire du jour au lendemain ?
Jasmine Arnould, 2nde2