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  • Photo du rédacteurMaria Clara Fontes & Jasmine Arnould

L'éditorial - quatrième édition

Dernière mise à jour : 21 mars 2021

Journal nº4 - 02/03/2021


C'est avec cette première édition de l'année 2021 que le 8 mars s'approche. Il s'agit d'une journée consacrée au jour international des droits de la femme. Le Lièrmo, ne se contentant pas d'une seule journée, a fait une édition complète, car c'est avant tout un moment de réflexion, d'apprentissage et surtout de la lutte des femmes.


Dans le livre "Nous sommes tous des féministes" de Chimamanda Ngozi Adichie, l'auteure raconte que lorsqu'elle était en primaire, au Nigéria, elle rêvait d’être déléguée de classe. Elle s'était donc fixée un objectif, et eut la meilleure note de la classe, étant la condition pour être déléguée. Sauf que seulement un garçon pouvait l'être. "Le garçon n'avait pas forcément envie d'être délégué, contrairement à moi. Mais j'étais une fille, et lui un garçon, il a donc été choisi".


Cette journée date du début du XXe siècle. Elle veut donner voix aux luttes ouvrières, promouvoir de nombreuses manifestations où les femmes peuvent revendiquer le droit de vote, l'accès à la contraception, de meilleures conditions de travail et l’égalité avec les hommes. Ces batailles agitent l’Europe et le monde occidental jusqu’à aujourd’hui. 120 ans plus tard, la bataille est loin d’être finie !


La date est reconnue officiellement par les Nations Unies en 1977, puis en France en 1982. C’est une journée de manifestations à travers le monde, l’occasion de faire un bilan. Malgré tant d'années écoulées, être femme dans la société d'aujourd'hui amène encore quelques difficultés.


Étant désormais deux filles qui grandissent inspirées et influencées par Malala Yousafzai, Frida Kahlo, Simone de Beauvoir ou Jo March ( protagoniste du roman Les Quatre filles du Docteur March) et Elizabeth Benedict ( protagoniste du roman Orgueil et préjugé); on ne se sent plus toutes seules. On les admire, elles nous font croire que tout est possible, qu'en étant fille nous pouvons aller jusqu'au bout. Elles ont porté le drapeau de la femme, et ça nous donne envie de faire pareil, à notre échelle. Ces femmes, sont porteuses de nos espoirs dans ce monde encore si patriarcal, dans cette société où le machisme, les injustices et inégalités sont encore si présents. À tous les niveaux, même dans l'orthographe !


Depuis notre plus jeune âge, nous avons vécu des situations marquantes. Des situations qui nous ont fait pleurer parce que nous étions des filles.


Nous avons décidé, de contacter les filles de l'équipe du Lièrmo, afin qu'elles partagent avec nous, anonymement, des situations qu'elles ont vécues. Toutes âgées entre 15 et 17 ans.

"Je me souviens de quelqu’un qui me disait que je devais changer, ne plus être moi. Que je devais avoir des cuisses plus fines, être plus grande, avoir moins de joues. Tout ça m’a fait très mal et j'ai développé beaucoup de complexes par rapport à mon corps. Je pense que les personnes devraient commencer à comprendre que les normes de beauté ont changé."

"Une fois j'étais en pleine discussion sur un sujet que je maitrisais très bien, j'étais fière de moi. Mais comme j'étais une fille, on considérait que je ne le connaissais pas assez. Un garçon, à côté de moi, m'interrompait sans cesse et répétait ce que je disais. Au bout d'un moment j'ai arrêté de parler et j'ai quitté le lieu. Personne n’a rien remarqué."

"Un élève m'a touché les fesses à l'école."

"Un homme m’a suivie dans la rue, il m’a prise en photo. J’allais voir mes copines, j’étais toute seule. Si une femme, qui tenait un magasin n’avait pas remarqué que cet homme me photographiait et ne m’avait pas prévenue et cachée dans son magasin les conséquences auraient pu être plus graves. Ce fut la fois où j’ai eu le plus peur dans ma vie. Et j’ai peur, à chaque fois que je sors dans la rue."

"Alors que j’étais encore en primaire et jouais tranquillement dans la cour de récré, j’ai senti une légère pression sur mes fesses. Je me retournai et vis un garçon de ma classe partir en courant en me regardant droit dans les yeux. Il riait et était très fier de son acte. Je n’avais pas compris ce qui venait de se passer mais je me rappelle très bien de ce sentiment de gêne et de honte ressenti à ce moment-là. Pourtant, je n’avais rien fait"

"J'étais dans un bloco de carnaval et un homme pendant que je dansais m'a touché les fesses. Je n'ai même pas su reagir, j'étais complètement embarassée. Cependant quand je ne réagis pas, j'ai après une haine dans le coeur pour l'avoir «laissé» profiter de moi. Mais nous toutes, femmes, sommes habituées car le harcèlement est un quotidien pour nous depuis toujours."

"Une fois je marchais à midi, tranquillement, et un homme, âgé d’une cinquantaine d’années a pris plusieurs photos de moi. Ainsi, j’évite maintenant quelques rues où je sais que je vivrai une situation semblable à celle-ci."

On m'a dit de m'y habituer lorsqu'un membre de ma famille a fait un commentaire sur mes seins.

"Un élève m'a touché les fesses à l'école."

"Quand j’etais petite, j’avais les cheveux plutot longs et ils s’emmelaient facilement. Quand on me les peignait, à chaque noeud où le peigne se coinçait, je lachait un petit “aïe!” et on me disait à chaque fois qu”il faut souffrir pour être belle. J'ai absolument detesté cette phrase; pendant que mes cousins jouaient dans le jardin, moi je devais rester là en train de souffrir, pour être belle. Mais être belle pour qui?"

"Un jour un homme m'a suivie jusqu'au Lycée. Et ce n'était pas dans de bonnes intentions..."


Après tout, c'est quoi être femme?

Être femme, c'est avoir peur de marcher dans la rue. Regarder partout, être attentive aux gestes de ceux qui nous entourent, changer de trottoir quand un homme tourne trois fois de suite dans la même rue que nous. Mais être femme, c'est avant tout une bataille. C'est devoir croire en soi. Être femme, c'est se soutenir les unes les autres. Être femme parfois c’est dans les petits gestes. C’est rentrer dans le wagon exclusif des femmes dans le métro et se sentir accueillie et en sécurité. Être femme c'est être l'allégorie de la résilience, de la persévérance, du courage, de la force. « La culture ne fait pas les gens. Les gens font la culture. Si toute une humanité de femmes ne fait pas partie de notre culture, alors nous devons changer notre culture. » - Chimamanda Ngozi Adichie En tant que jeunes filles, en tant que futures femmes, nous rêvons. Nous rêvons d'un monde plus juste et égalitaire. Nous voulons un monde qui sera le fruit de nos batailles passées, de nos batailles présentes et de nos batailles futures, dans lequel, notre féminité pourra être enfin synonyme de paix, d'égalité, et de victoires. À un monde plus féministe.


Respectons-nous, les unes, les autres. Aimons-nous, les unes les autres.

Maria Clara Fontes & Jasmine Arnould

Rédactrices en cheffe du journal

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