Noemi de Carvalho
Le Stoïcisme
Journal nº8 - 2/07/2021
Le Stoïcisme est par définition une doctrine philosophique selon laquelle le bonheur est dans la vertu, dans la fermeté d’âme. Elle est apparue au 3ème siècle avt. J-C, durant l’Antiquité et le corpus stoïcien est composé principalement des œuvres : Manuel et Entretiens d’Épictète, Pensées pour moi-même de l’empereur romain Marc Aurèle, Lettres à Lucilius de Sénèque. Le stoïcisme est populairement vu comme une forme de courage, qui permet de supporter les obstacles de la vie en étant indifférent face à des événements incontrôlables et même d’en tirer quelque chose de constructif. Entrons plus en détail sur cette doctrine :
Il est important de noter que le stoïcisme s’inscrit dans l’eudémonisme (« ἡ εὐδαιμονία »), doctrine philosophique qui part du principe que le bonheur est la finalité naturelle de la vie humaine.

Ainsi l’objectif de l’Homme stoïcien est de trouver les meilleures façons pour parvenir à un sentiment de plénitude et sérénité. Le stoïcisme aboutit à cette recherche en prenant conscience qu’il existe une sphère de contrôle et une sphère de non-contrôle de chaque individu. Il faudrait ainsi accepter ce que nous ne contrôlons pas, et s’en servir pour avoir un avantage sur notre sphère de contrôle.
S’il nous reste peu d’études sur l’ancien stoïcisme, nous savons qu’il a été dès ses racines divisé en trois parties : la logique, la physique et l’éthique. Le stoïcisme aura même une influence sur l’idée de conscience et de la morale qui sont retrouvées dans les pratiques chrétiennes.

Nous retrouvons plusieurs concepts philosophiques fondamentaux qui permettent de comprendre cette doctrine : Ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous : c’est la distinction de la morale stoïcienne. Selon Épictète, le sage doit s’exercer à ne vouloir que ce qu’il peut contrôler et à subir (sans le rejeter) ce qu’il ne contrôle pas. Cela explique la devise stoïcienne : apéchou kai épéchou, c'est-à-dire « supporte et abstiens-toi ». Les stoïciens sont ainsi connus pour leur enseignement moral, selon lequel « la vertu est le seul bien » pour les êtres humains et les choses extérieures telles que la santé, la richesse et le plaisir ne sont ni bonnes ni mauvaises en soi (adiaphora, « ἀδιάφορα »), n'ayant de valeur qu'en tant que « matière sur laquelle la vertu peut agir ». Avec l'éthique aristotélicienne, la tradition stoïcienne constitue l'une des principales approches fondatrices de l'éthique occidentale de la vertu.
La prohairésis, du grec le « choix réfléchi » : Les stoïciens considèrent que certaines émotions destructrices résultent d'erreurs de jugement, estimant que les gens doivent viser à maintenir une intention appelée prohairesis (« προαίρησις ») qui soit « en accord avec la nature ». Ils pensent que la meilleure preuve de la qualité philosophique d'un individu est non pas ce qu'il dit, mais la manière dont il se comporte.

L’ataraxie : cette notion est partagée avec les épicuriens et la plupart des écoles antiques. L'idée, c'est que notre état initial est celui du trouble intérieur, et qu'il faut précisément la philosophie pour parvenir à la paix de l'âme et donc au bonheur, conçu négativement comme l'absence de troubles. Pour Épictète, on atteindra l'ataraxie en ne voulant jamais rien pour soi-même et en se pliant à l'ordre de la nature. Pour mener une vie bonne, il faut, pour les stoïciens, comprendre les règles de l'ordre naturel, car selon eux tout est enraciné dans la nature.
La liberté : Sénèque et Épictète (stoïciens romains) soulignent le fait que « la vertu est suffisante pour le bonheur ». Un sage devrait être émotionnellement résistant au malheur. Il est donc libre lorsqu’il est maître de sa volonté et accepte l’ordre universel. Cette croyance est ce que l'on appelle « calme stoïcien », bien que cette expression n'inclut pas les conceptions d'« éthiques radicales », selon lesquelles, seul un sage peut être considéré comme étant vraiment libre, et toutes les corruptions morales comme également vicieuses.

Les stoïciens différencient la société entre le sage et le fou : le sage veut ce qui est comme il est et tâche d'appliquer droitement sa volonté. Le fou veut ce qui ne dépend pas de lui et trouble l'ordre du monde.
Le stoïcisme est accessible à tous. Il est une philosophie totale dans le sens où ce n’est pas simplement un système de compréhension du monde, c’est une philosophie qui est théorique, mais aussi pratique et atemporelle. Son idée, posée de la forme la plus claire est celle-ci : « Le bonheur, la prospérité pour les êtres humains consiste à accepter le moment tel qu'il se présente, à ne pas se laisser contrôler par le désir du plaisir ni la peur de la douleur, à utiliser son esprit pour comprendre le monde et à collaborer dans le plan de la nature, à œuvrer avec les autres et à les traiter de manière juste et équitable. » En gros il dépend de moi de travailler pour réussir, de rechercher la vérité, bien agir, mais il ne dépend pas de moi d’être grand, naître à un endroit : Il y a ce dont on hérite, et ce que l’on construit seul, même si cette limite est très floue. Il faut ainsi trouver la limite entre l’entreprise de mon propre destin et vivre en harmonie avec les obstacles « naturels » de la vie.
Noémi de Carvalho, TA