Bernardo Rollemberg
Plus d'égalité aux États-Unis après les référundums?
Journal n°3 - 02/12/2020
Les élections américaines peuvent être qualifiées de plusieurs manières sauf triviales. Collège électoral, deux partis principaux, différences entre chaque état, des référendums lors de l'élection, tout cela sont des différences entre la démocratie américaine et les démocraties française et brésilienne. En plus des élections du président, des sénateurs et des représentants, plusieurs référendums ont eu lieu lors de ce 3 novembre dernier. Ces référendums ont changé des lois fortement liées aux questions raciales qui affectent la politique américaine depuis toujours. Qu'est-il arrivé lors de ces référendums?
Pour comprendre les référendums, il faut comprendre l’histoire de l’esclavage et de la communauté afro-américaine. Entre 1620 et 1865, environ 600 000 africains ont traversé l’Atlantique pour travailler comme esclaves aux États-Unis. Ils étaient majoritairement amenés au Sud du pays pour travailler à la production de coton. En 1860 une guerre civile éclate entre les états du Nord qui étaient contre l’esclavage (Free states) et les états du Sud qui étaient pour (Slave states). C’est à cette période que l’État confédéré est né. Avec la fin de cette guerre, les États-Unis se rassemblent et abolissent l’esclavage dans leur pays. Pourtant, la ségrégation raciale se poursuivait. C’est seulement dans années 60 avec Martin Luther King que les EUA terminent cette séparation et commencent à traiter tous ces citoyens de manière égale. Mais encore, bien que la loi interdise la ségrégation, les mouvements afro-américains croient qu’il existe encore un fort mouvement raciste social qui se met en place aux EUA. Le 25 mai 2020, George Floyd, un afro-américain fut brutalement assassiné par un policier blanc. Cet événement donnera lieu à plusieurs manifestations partout dans cette nation et fondera indirectement le mouvement Black Lives Matter. La société commence à repenser la situation raciale américaine et le fait que plus de 10% de sa population se trouve encore face à des préjugés en raison de la couleur de leur peau. C’est dans ce contexte, à la fois historique et actuelle, que des référendums ont eu lieu en novembre.

En plus des élections du président, du sénateur et des représentants, 71% des résidents du Mississippi ont choisi d’adopter un nouveau drapeau. Le dernier symbole de l’état, lequel était en place depuis 1894, comprenait en haut à gauche le drapeau confédéré. Il s’agit d’un symbole à la fois représentant d’une culture du sud des EUA mais aussi d’un État qui a lutté contre les États-Unis et qui avait l’esclavage au centre de son commerce. C’est pour cela que le Mississippi a changé son drapeau. Ils avaient déjà essayé en 2001 de le changer mais le référendum a maintenu l’ancien. Depuis le 30 juin 2020 le drapeau confédéré n'est plus officiel et un comité a été choisi pour créer le drapeau qui allait être proposé au référendum.
La phrase “In God we Trust” (En Dieu nous croyons) devait faire partie du symbole de l’état. Le nouveau drapeau adopté contient en son milieu une fleur magnolia (symbole de la flore de l’état) entourée par 21 étoiles dont 20 sont blanches (la représentation que le Mississippi est le 20ᵉ état à faire partie des EUA). La 21ᵉ étant une étoile un peu plus grande et jaune, divisée en 5 diamants, représentants les 5 civilisations des populations natives américaines qui se trouvaient sur territoire actuel du Mississippi. Tout cela se trouve devant d’un fond bleu, rouge et jaune. Le drapeau est plus inclusif et ne comporte plus des symboles raciaux. Cependant, le mot “Dieu” est encore présent, ce qui ne représente pas les nons-croyants de l’état. Néanmoins, malgré cette controverse, une grande partie de la population se sent finalement représentée avec leur nouveau drapeau qui ne comporte plus de symboles confédérés.


L’état de Rhode Island a changé son nom aussi lors de ce référendum. Avant cette élection, le nom complet de l’état fut “State of Rhode Island and Provinces Plantations”. “Province Plantations” désignait le nom de la colonie britannique et “Rhode Island” le nom de la région géographique que se situe l’état. Les mots “Plantation” tel que “provinces” et “dominion” étaient utilisés par les Britanniques aux XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècle pour désigner une région. Malheureusement, au long des années, le mot a commencé à être plutôt lié au système d’agriculture qu'utilisait la main d’œuvre d’esclave. Nous avons bien ici, un cas où le langage évolue et des mots normaux du passé deviennent offensifs à nos jours. C’est dans cet enjeux, que l’état change son nom par tout simplement “State of Rhode Island” avec 53% des voix aux urnes.
Après la guerre civile américaine, l’esclavage a été aboli en plusieurs états américains. Après 1865, l’esclavage n’a presque plus eut lieu aux États-Unis. Cependant, selon la constitution américaine: le 13ᵉ amendement a aboli l'esclavage et la servitude involontaire aux États-Unis, sauf en cas de punition pour un crime. Donc ni esclavage ni servitude involontaire, si ce n'est en punition d'un crime dont le coupable aura été dûment condamné, n'existeront aux États-Unis ni dans aucun des lieux soumis à leur juridiction. De manière hypothétique et non pratique, l’esclavage était encore permis en quelques états dû à des crimes très condamnable. C’est pour cela que les référendums du Nebraska et d’Utah ont aboli avec 68% et 81% respectivement officiellement l’esclavage dans tous les cas possibles.
Tous ces changements symboliques représentent la volonté du peuple, la volonté d’abolir tout reste de racisme et ségrégation aux États-Unis. Selon les mouvements afro-américains, ces changements permettent d'abolir petit à petit le racisme institutionnel et structurel aux États-Unis, montrant comment les Américains veulent changer et veulent un pays plus juste et égal à tous.
Bernardo Rollemberg, 2nd1