Júlia Marques
Le vaccin de la COVID-19, où en sommes nous ?
Dernière mise à jour : 18 mars 2021
Journal nº1 - 02/10/2020
L’année 2020 restera marquée dans tous les esprits comme une année bouleversante. Tous ne font qu’attendre impatiemment sa fin. Pas de l’année en soi, mais surtout de la pandémie qui s’y est rajoutée. Pourtant, une seule issue semble être possible pour une tentative de « retour à la normale » : un vaccin. Comme c’est un virus très contagieux, il est important qu’une grande partie de la population soit immunisée pour arrêter sa circulation. Certains experts parlent même de 60% de la population. Mais, combien de temps devrons-nous attendre jusqu’à la fabrication d’un vaccin et son homologation? Des chercheurs du monde entier travaillent jour et nuit dans le seul objectif de sortir ce dernier le plus rapidement possible. Seulement, entre toutes les nouvelles qui sont publiées chaque jour, on s’y perd facilement. Voici donc un résumé d’où nous en sommes.
Dans un premier temps, il est important de se rappeler qu’il ne faut pas seulement regarder la vitesse à laquelle est fait le vaccin, mais surtout, sa sécurité et son efficacité. Il est devenu clair et limpide que l’immunisation de la population est la seule sortie de cette pandémie. Mais, ce n’est pas pour autant qu’il faille sauter sur le premier vaccin venu. Les résultats cliniques sont encourageants mais cela ne signifie pas forcément que les vaccins sont sûrs à 100%, ce qui explique pourquoi la plupart d'entre eux se trouve en différentes phases de test.
Généralement, il faut une dizaine d’années entre le moment où on commence à travailler sur le vaccin et le moment de sa distribution. Dans le cadre de l’urgence sanitaire, les chercheurs ont tenté de raccourcir le plus possible ce délai. Grâce aux études menées les années précédentes lors des épidémies du MERS et du SARS-CoV-1 en Asie, les chercheurs ont pu identifier très vite le virus et un composant qui pourrait entraîner une réponse protectrice, la protéine Spike. Ainsi, une durée de 18 mois a été définie pour la création de ce vaccin. Celui-ci met du temps à être produit car il faut s’assurer qu’il ne pose aucun problème, sachant que cela ne peut être vérifié que par des essais cliniques; une étape incontournable.
Alors, où en sommes-nous avec ce vaccin ?
Entre les 150 vaccins candidats développés, vingt-trois sont en phase clinique, c’est-à-dire testés sur l’humain. Voici les cinq les plus avancés, en phase 3, la dernière avant une comercialisation :
Moderna Therapeutics:
Le 27 juillet, la compagnie américaine annonce son entrée en phase 3, où elle testera l’efficacité de son vaccin sur 30 000 personnes aux États-Unis. Cette phase sera suivie pendant deux ans pour vérifier si le vaccin génère effectivement une protection contre le virus. L’étude doit donc durer jusqu’au 27 octobre 2022, mais, Moderna espère une mise sur le marché vers fin 2020.
Sinovac:
C’est une compagnie biopharmaceutique chinoise qui travaille en collaboration avec l’Instituto Butantan, centre de recherches biomédicales brésilien. Le 3 juillet, le Brésil annonce que leur vaccin sera testé sur plus de 9 000 professionnels de la santé. De même pour l’Indonésie qui déclare, le 11 août, avoir commencé à le tester sur 1 600 volontaires.
Université d’Oxford :
Elle travaille en collaboration avec la compagnie biopharmaceutique AstraZeneca. Leur vaccin est suivi de près car il a généré une forte production d’anticorps et peut être fabriqué facilement à grande échelle. Sa phase 3 recrute 50 000 volontaires au Brésil, au Royaume Uni, États-Unis et en Afrique du Sud. Pourtant, le 8 septembre, le laboratoire a dû faire une pause dans les essais à cause d’un participant qui eut une mauvaise réaction face au vaccin.
On ne sait pas encore si ce n’est qu’une coïncidence ou si c’est effectivement le vaccin qui a causé cette réaction. Selon l’Autorité de réglementation sanitaire des médicaments (MHRA), qui est chargée de vérifier et de contrôler le déroulement des essais, le vaccin ne présente pas de danger et peut reprendre ses essais au Royaume-Uni. Depuis, les essais ont repris.
Pfizer :
C’est une des plus grandes compagnies pharmaceutiques du monde et elle travaille en collaboration avec la compagnie allemande BioNTech. Le 27 juillet, elles annoncent faire un essai clinique qui mélange les phases 2 et 3 et mobilisent des populations différentes dans des régions de forte concentration de l’épidémie. De ce fait, elles examinent 30 000 personnes venant de 39 états des États-Unis, du Brésil, de l’Argentine et de l’Allemagne. Elles espèrent d’ailleurs pouvoir élargir leurs essais à 44 000 personnes.
Ainsi, le monde entier a les yeux rivés sur ces compagnies qui travaillent sur l’un des plus grands enjeux du XXIème siècle. Elles font l’objet d’une forte compétition entre les gouvernements du monde entier pour réserver le plus de doses de vaccin possible. Des millions de dollars y sont investis. Un pari risqué mais où se joue la vie de millions de personnes. Une porte-parole de l’OMS, Margaret Harris, a déclaré : « Les vaccinations à grande échelle contre la Covid-19 ne devraient pas commencer avant le milieu de l’an prochain ». L’OMS se veut très vigilante sur le sujet et avertit qu’on ne peut pas lancer une production mondiale s’il n’y a pas de données suffisantes sur l’efficacité et la sécurité du vaccin. Elle fait appel à notre vigilance et respect des gestes barrières en attendant ce vaccin providentiel.
Au cas où vous voudriez approfondir le sujet, jetez un coup d’œil au débat sur la chaîne 28 minutes d’Arte qui reçoit Christian Bréchot, virologue et président du Global Virus Network, Nathalie Ernoult, codirectrice de l’Observatoire de la santé mondiale et Nathalie Coutinet, économiste de la santé à l’Université Sorbonne Paris Nord. Vous le trouverez sur Youtube sous le nom de : « Vaccin contre la Covid-19 : sommes-nous près du but ? - 28 Minutes – ARTE » .
Julia Marques, 1ereA