Júlia Marques
Tote bag et écobag, aussi écolo que ça ?
Journal n 10 - 02/11/2021
Alors qu’ils sont à la mode partout dans le monde pour leur praticité et leur statut « d’alternative au plastique », les tote bags (ou sacs en coton) ne serait pas exactement ce que l’on pense. En 2018, l’Agence danoise de protection de l’environnement a décidé d’analyser le cycle de vie des sacs de provisions, dont les tote bags, pour connaître leur empreinte écologique. (Attention, les résultats peuvent surprendre)

Un sac en coton biologique a un impact positif sur le changement climatique à partir de 148 utilisations et un sac en coton conventionnel à partir de 52 utilisations. En revanche, si l’on souhaite que ces sacs aient un impact positif sur l’ensemble des éléments étudiés dans une analyse de cycle de vie (consommations d’eau et d’énergies, toxicité pour l’humain, etc), il faudrait que le sac en coton biologique soit réutilisé plus de 20 000 fois et le sac en coton conventionnel plus de 7 100 fois. Cela équivaut à utiliser le même sac pendant 54 ans, pour le premier, ou 19 ans, pour le second, tous les jours. Et pour seulement un seul sac !
Le problème, c’est le coton. Premièrement, il est extrêmement friand en eau. Deuxièmement, il est aussi associé au travail forcé, dû aux révélations sur l’exploration du peuple Ouïghour au Xinjiang en Chine, pays qui totalise 20% de la production mondiale de coton. Donc on voit que l’impact des tote bags n’est pas que polluant mais aussi humain.

La première solution qui nous vient en tête est alors le recyclage. Cependant, seulement 15% des 30 millions de tonnes de coton produites chaque année se retrouvent dans des centres de recyclage de textiles. Pire encore, entre les tote bags qui vont être recyclés, certains ont des logos fait d’un matériel qui est extrêmement difficile à décomposer, donc à recycler. Ainsi, beaucoup de coton possiblement recyclable se retrouveraient définitivement à la poubelle.
En même temps, on ne peut pas dire que le coton est pire que le plastique ou que les deux sont même comparables.
Alors que le coton utilise des pesticides (dans le cas des cultures de coton conventionnel) et assèche des rivières à cause de sa très forte demande en eau, le plastique fait appel aux énergies fossiles qui émettent des gaz à effet de serre, ne sont pas biodégradables et polluent les océans.
Heureusement, il existe quelques solutions. Les marques peuvent utiliser du coton recyclé et organique en même temps pour leur tote bag. Sinon, d’autres petits magasins ont déjà fait l’essai d’autres matériaux : le designer britannique Ally Capellino a récemment changé le coton pour du chanvre alors que la marque d’Anya Hindmarch fait ses tote bags à partir de bouteilles en plastique recyclées.

Conclusion : si nous voulons vraiment avoir un impact positif sur l’environnement, il faut consommer peu. Nous n’avons pas besoin de 25 tote bags, un seul saura faire l’affaire. La solution se trouve dans un mode de consommation plus réduit : le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas.
Julia Champagnon, TA