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  • Photo du rédacteurLucas de Coster

Hong-Kong, une démocratie qui se meurt

Dernière mise à jour : 21 mars 2021

Journal nº2 - 02/11/2020


Je ne connais pas beaucoup de sentiments aussi douloureux que d’assister, impuissant, au déclin d’une démocratie. Condamnée par une nouvelle loi de sécurité approuvée le 30 juin 2020, la démocratie à Hong Kong s'effondre à petit feu, et s’ajoute à la liste des nombreux théâtres d’instabilité politique dont nous a fait cadeau notre chère année 2020. Ensemble, essayons de comprendre comment Hongkong en est arrivé-là et penchons nous sur les différents symptômes d’une démocratie qui se meurt.


Commençons par nous intéresser brièvement à l’histoire de Hong Kong. Celle-ci est une toute petite province de 1104 km2 située au Sud-est de la Chine qui compte 7,4 millions d’habitants. Anciennement colonie britannique, elle est aujourd’hui une région autonome, radicalement différente du reste de la Chine et basée sur le principe d’un pays, deux systèmes. Ce principe, décidé par un accord entre le Royaume-Uni et la Chine en 1997, permet à Hong Kong d’avoir son propre système économique (libéral), politique (démocratique) et judiciaire ainsi que de bénéficier de nombreuses libertés comme la liberté d'expression, indispensable dans une démocratie. Ce système, unique en Chine, a permis à Hong Kong de devenir le principal intermédiaire d’affaire entre la Chine et le reste du monde, faisant d’elle la 3ème place financière mondiale.

Cependant, ce système s’accompagne d’une date limite : le 1er Juillet 2047. Ce jour-lá, Hong Kong perdra son autonomie et redeviendra une province chinoise. Seulement, la Chine n’as pas attendu cette date pour commencer à reprendre le contrôle de son ancienne province. Le premier signe clair d’intervention chinoise dans les affaires hongkongaises a été la réforme électorale proposée par Pékin en 2014. Cette dernière proposait que les candidats au poste de chef du gouvernement hongkongais pour les élections de 2017 soit sélectionnés par un comité de 1 200 personnes, et que seuls les candidats sélectionnés sont habilités à se présenter au scrutin. Ce n’est que le début. En octobre 2016, cinq collaborateurs d’une maison d’édition hongkongaise critique envers la Chine disparaissent mystérieusement. On découvre qu’ils ont été illégalement enlevé par les autorités chinoises et qu’ils sont emprisonnés en Chine. Ce ne sont pas les exemples qui manquent, mais c’est en juin 2019, quand la chef de l'exécutif Hongkongais, Carrie Lam, propose un projet de loi d’extradition, que la colère des Hongkongais éclate. Ce projet, permettant aux autorités chinoises de juger des Hongkongais en Chine, où le système judiciaire est contrôlé par le gouvernement, va amener plus d'un million de Hongkongais à manifester. Pour ces manifestants, majoritairement des jeunes étudiants, il est clair que plus qu’un projet de loi, c’est leur démocratie qui est en jeu. Après plusieurs mois de manifestations, le projet de loi va finalement être retiré, mais il est trop tard. La violente répression policière et la réponse impitoyable du gouvernement ont laissé clair que le gouvernement hongkongais et notamment sa chef de l'exécutif, Carrie Lam, sont à la solde de la Chine.



La période qui a suivi ces manifestations jusqu’à aujourd’hui est digne d’un roman dystopique à la “1984”. Les manifestations vont s’intensifier et s’étendre sur plusieurs mois, donnant naissance à un véritable mouvement de résistance. Hongkong va être plongé dans le chaos. Face aux violences policières, les manifestants vont s’organiser et riposter, donnant lieu à de nombreux affrontements qui vont atteindre leur apogée le 17 novembre 2019, avec le siège de l'université PolyU, qui dura 12 jours. Cependant, la pandémie de la Covid-19 va atténuer ce mouvement aussi rapidement qu’il est apparu.


En effet, bien qu’ayant eu un impact minime à Hongkong, seulement 32 morts, la Covid-19 va être utilisée comme prétexte par le gouvernement pour interdire tout rassemblement de plus de 10 personnes. Pire, pendant que les manifestants étaient confinés chez eux, impuissants, la Chine va leur infliger leur coup de grâce : la nouvelle loi de sécurité nationale. Cette loi, approuvée le 30 juin 2020 par le gouvernement hongkongais, défend l'interdiction de "la subversion, la sédition et la sécession". Son objectif est clair, utiliser la peur pour réprimer toute opposition. Grâce à une définition très vague du terrorisme présente dans cette loi, les autorités hongkongaises vont procéder à la persécution politique de tous ceux qui s’opposent ou représentent “une menace” au gouvernement. Joshua Wong, manifestant devenu un véritable symbole de résistance, ainsi que des milliers de manifestants sont arrêtés pour avoir participé à des “manifestations illégales”. Tout individu manifestant ou brandissant des slogans “qui constituent une insulte pour la Chine" sont arrêtés. Jimmy Lay, patron du principal journal d’opposition, le “Apple Daily”, est arrêté et les locaux de son journal sont fouillés par la police. Les différents députés ou membres du gouvernement pro-démocratie se voient démis de leur fonction. Fin juillet, le gouvernement décide de reporter les élections législatives d’un an, en utilisant de nouveau le prétexte de la Covid-19. En l’espace de quelques semaines, les Hongkongais se sont vus privés de leurs libertés civiles et politiques, la presse a été bâillonée, l’opposition politique démantelée, la justice est devenue un instrument de répression. Les piliers de la démocratie hongkongaise sont tombés, laissant place à un nouveau gouvernement autoritaire contrôlé par Pékin.


La passivité et l’inaction de la communauté internationale par rapport à la situation, Hong Kong est la cerise sur le gâteau. Pour les États-Unis, la France et nos démocraties européennes pour qui la défense des Droits de l’Hommes et de la démocratie sont si importants, il semblerait que Hong Kong soit une exception…


Ne laissons pas Hongkong mourir en vain. N’oublions pas comment une simple loi a suffi pour en finir avec une démocratie. N’oublions pas l’importance du droit de manifester, de la liberté d'expression et de la presse, d’une justice impartiale. Restons attentifs et demandons-nous si, au fond, nos démocraties sont elles-aussi en train de mourir lentement..

Lucas De Coster, 1ere A

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