L’affaire des sous-marins, expliquée.
Journal n 10 - 11/11/2021 Cette citation, l’une des plus connues de l‘ex président Charles De Gaulle, a retrouvé de l’écho le 15 septembre dernier, lorsque la France apprit la rupture inattendue d’un contrat de 50 milliards d’euros signé en 2016 et fut humiliée sur la scène internationale. Pour cause ? L’Australie, pour qui l’entreprise Naval Group (fleuron de l’industrie navale française) devait produire 12 sous-marins, qui a annoncé sans prévenir la France la rupture subite de son contrat avec l’entreprise française. “Humiliée”, "trahie", la France dénonça la rupture du contrat comme un “coup dans le dos” et une humiliation sans précédent. Mais pourquoi l’Australie a-t-elle subitement rompu ce contrat? Et que nous dit cette affaire de la carrure internationale de la France? Pour répondre à ces deux questions, essayons de comprendre plus en détail l’affaire des sous-marins. Le 20 Décembre 2016, le ministre français des Affaires Étrangères, Jean Yves le Drian, signe avec le gouvernement Australien ce que l'on surnomme alors "Le Contrat du Siècle" . Pour une valeur de 50 milliards d'euros et une durée de 50 ans, l'entreprise française Naval Group, leader européen du secteur du secteur naval, s'engage à construire 12 sous-marins pour l'Australie. Ces sous-marins, l'Australie en a besoin pour contrer la présence militaire toujours plus forte de la Chine dans la région de l'Indo-Pacifique, où elle essaye de s'approprier des îles et ZEE des pays environnants.
Seulement, l'Australie n'est pas la seule à vouloir contrer l'expansionnisme chinois dans la région. C'est pour cela que le 15 Septembre, les États-Unis, l'Australie et le Royaume-Uni ont annoncé la création de l'Aukus, une alliance militaire visant à renforcer la présence occidentale dans l'Indo-Pacifique. C'est une réponse directe aux avances de la Chine. Or si cette alliance semblait être une bonne nouvelle, elle était accompagnée d'une clause qui indiquait que la responsabilité de fournir l'Australie en sous-marins revenait à des entreprises américaines et britanniques, et non plus françaises. Les Américains souhaitaient en effet fournir des sous-marins à propulsion nucléaire (et non au diesel) aux Australiens. Voilà pourquoi ces derniers ont dû rompre leur contrat avec la France du jour au lendemain. S'en est suivi une crise diplomatique entre la France, les États-Unis et l'Australie. Se sentant trahie et en colère, la France a rappelé ses ambassadeurs américains et australiens pour motif de *consultations", et le premier ministre Australien a cité "des difficultés dans la coopération avec Naval Group" comme autre motif de la rupture. Cette affaire fût une douche froide pour la France. Cette dernière à été traitée comme ce qu'elle est, une puissance moyenne dont la satisfaction et les intérêts ne sont pas la priorité de l'Australie, le Royaume-Uni et surtout les États-Unis. Cette histoire n'est rien d'autre que le reflet de l'affaiblissement français sur la scène internationale, à l'heure où le monde est de plus en plus bipolaire, et où la Chine et les États-Unis donnent le ton. Reste à savoir si la France sera capable de rebondir, consolider ses alliances, renforcer son autonomie, tout en évitant de se prendre pour ce qu'elle n'est plus, une grande puissance.
Lucas De Coster, TA
