La démarche ensoleillée des favélas
Journal nº2 - 02/12/2020 L’envie de passer au vert, écologiquement parlant, se fait entendre de plus en plus et surtout dans le secteur énergétique. Le perfectionnement des énergies renouvelables ainsi que leur compétitivité sur les marchés les rendent progressivement plus attractives. Elles deviennent l’origine de nombreux projets, comme celui de l’ONG RevoluSolar à Babilônia et Chapéu Mangueira, deux favelas de Rio, qui a pour but d’installer des panneaux solaires dans les communautés. Le projet s’est concrétisé en 2015, grâce à l’union de deux motivations principales: lutter contre la marginalisation des favelas par rapport aux services publics essentiels, comme l’accès à l’énergie, et de se tourner vers une énergie plus durable et respectueuse envers l’environnement. Le projet a pour but d’aider les populations locales, leur donnant une énergie plus propre et moins chère. Ainsi, RevoluSolar s’est spécialisée dans l’installation de panneaux solaires. En ce moment, trois installations ont déjà été mises en place dans une posada, un restaurant et une crèche. L’idée est divisée en deux fronts d’action. Dans un premier temps, RevoluSolar propose des projets avec l’association de résidents pour aider les particuliers à installer des panneaux solaires. Quand l’un d’eux accepte, des ingénieurs de l’ONG vont visiter le lieu pour l’étudier et proposer une installation qui lui correspond le mieux. Ils analysent sa note d’électricité pour estimer sa consommation annuelle, regardent le type de toit et son orientation ce qui permet d’évaluer son exposition solaire et calculer le nombre de panneaux à installer pour compenser sa consommation d’électricité, en plus d’en estimer le coût. Encore, RevoluSolar a des contacts avec des fournisseurs de panneaux solaires et de matériel d’installation qui leur font des prix un peu plus avantageux. Pour une petite installation, de quatre à cinq panneaux, le prix s’élève à 10 000 réais. Le particulier peut rembourser son investissement entre 4 et 5 ans et, ensuite, générer de l’électricité gratuite pendant 20 ans, sachant que la garantie des panneaux est de 25 ans. Il faut évidemment présenter le projet à la Light, car le particulier est toujours branché sur le réseau et paye un prix de raccordement, mais elle ne facture que la différence entre ce qui est consommé et ce qui est produit. De ce fait, si l’on consomme plus que ce que l’on produit, la Light se charge de nous apporter l’électricité manquante et, naturellement, fait payer son service. Par contre, si l’on produit plus que ce que l’on consomme, cette énergie se transforme en crédits, valables pendant 5 ans, qui sont déduits dans les factures mensuelles suivantes. Dans un deuxième temps, l’ONG a aussi mis en place des cours qui ont pour objectif de former les habitants des communautés pour qu’ils puissent eux-mêmes installer des panneaux solaires et les entretenir. Cela permet une autonomie et indépendance pour les habitants, en plus d’une entrée sur le marché du travail. Leur projet s’accorde aussi avec des ateliers pour enfants qui visent à leur faire une introduction et une sensibilisation au sujet des énergies vertes et du développement durable. Les coordinateurs de RevoluSolar ont aussi un autre projet en cours : créer une coopérative solaire. L’idée serait d’utiliser le toit de l’association des résidents, y installer tout un tas de panneaux solaires, pour ensuite vendre, à un tarif privilégié, des crédits de l’énergie non-consommée aux habitants intéressés de la favela. Actuellement, ils ont déjà signé des accords avec des fournisseurs de matériel d’installation et en sont à l’étape de révision de la structure du toit dans l’objectif de le renforcer pour qu’il puisse soutenir tous les panneaux. Le projet commence à devenir de plus en plus populaire : RevoluSolar a été honoré par l’ALERJ (Assembléia Legislativa do Estado do Rio de Janeiro) pour son travail social en 2019 et reconnu par un programme de l’ONU connu sous le nom de « Young Champions of the Earth ». Ainsi, ses membres ont pour objectif de s’étendre vers d’autres favelas à partir de 2021. Julia Marques, 1ereA
