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La rentrée paradoxale de 2021

Journal nº4 - 02/03/2021 Depuis mars 2020, Rio , le Brésil et le monde tout entier sont sous l’emprise de la pandémie COVID-19. À cette date, le Lycée Moliere se retrouve confiné pendant 9 mois, à suivre les cours à distance. Mi-Octobre 2020, les autorités libèrent les écoles privées et les cours en présentiel voient le jour d’une manière encore jamais expérimentée : distances sociales, port obligatoire du masque et mesures sanitaires. Malgré les milliers de décès par jour, lors de cette rentrée 2021, les cours depuis la maison ne sont plus d’actualité. Le Lycée Molière s’est organisé pour une rentrée où 90% des élèves ont fait le choix de faire une rentrée en hybride (présentiel, distanciel), divisés en deux groupes (ceux du matin et de l’après-midi) et en effectif réduit. Voici le ressenti d’une élève vis à vis de cette rentrée. Kaliyana Coudassot, en 2nde2 donne son point de vue sur cette rentrée. Très contente d’avoir repris les cours physiquement, c’est un soulagement car être face à son écran est beaucoup plus éprouvant car il est toujours compliqué de poser autant de questions que l’on souhaite, de s’exprimer et d’être toujours attentif. Pour une rentrée aussi atypique, c’est motivant de voir des gens, pouvoir communiquer, avoir une présence d’élèves mais aussi de professeurs. C’est très encourageant et le fait de porter le masque et de devoir respecter toutes les restrictions demandées n’est pas si encombrant, on s’adapte ! Il faut simplement se réorganiser et trouver de nouvelles façons de vivre ensemble et finalement, ce n’est si différent qu’avant. Et pour notre dernier témoignage, Monsieur Davanture, responsable des ressources en informations et orientation mais aussi responsable du CCC: Tout d’abord, c’est un plaisir de retourner à l’école et revoir la vie reprendre dans l’établissement mais également un soulagement car l’idée de faire cette rentrée à la maison n’était pas très motivant. Être ensemble est une manière de poursuivre et mieux affronter les incertitudes. Aussi, le fait de reprendre et retrouver son activité quotidienne, donnent un sens à nos journées et c’est restructurant, après une longue période d'isolement. Malgré les nombreuses contraintes liées à l’observation des protocoles sanitaires et les impératifs pédagogiques qui évoluent en conséquence, tous les personnels du Lycée Molière se mobilisent pour cette rentrée sans précédent. Et puis, qui dit rentrée dit remise des manuels scolaires aux élèves qui s’en servent tout au long de l’année et les mesures sanitaires n’ont pas facilité la tâche... Avant la pandémie, lors de la première semaine de rentrée, chaque classe descendait chercher ses manuels et livres, les professeurs s’occupaient de l’organisation et trois personnes étaient à la saisie informatique. La remise de manuels était bouclée en 45 minutes par classe. Mais cette année, les personnels étaient tous affectés à la surveillance de l’application des protocoles sanitaires pendant les heures de cours… En deux jours, seulement 500 livres sur 6000 pour 45 élèves sur 400, soit, deux classes, ce qui n’était pas le rythme idéal. Il a donc fallu changer l’organisation. Pour cela, chaque responsable de discipline donnait ses heures de cours et ses salles pour pouvoir les remettre aux élèves. En deux semaines, 90% des manuels ont été remis tout en donnant la priorité aux plus jeunes qui, contrairement aux plus grandes classes, ont moins d’autonomie. Je percevais certains sourires derrière les masques, voir Monsieur Davanture sortant de l’ascenseur avec son petit charriot… » le plus important finalement face à l’imprévisible d’une pandémie, ce n’est pas prétendre que nous avons réponse à tout, c’est adapter et réorienter les propositions pour répondre au mieux aux nouveaux scénarios. Car il était préférable qu’une seule personne se déplace et non pas les élèves compte tenu des protocoles sanitaires. Mais ceci n’est rien en terme d’adaptabilité face au pouvoir de transformation de mes collègues enseignants. Ces visites de classe pour remettre les manuels de leur discipline me permettaient de saluer les élèves et de leur souhaiter une bonne rentrée. Leur réponse était généreuse, on sentait qu’ils étaient heureux d’être là et ça c’est important ! Pour en revenir à mes collègues, c’est que je les voyais se transformer au fil des jours. Si nous sommes tous habitués hélas à nous voir avec les masques, leur panoplie de super prof s’étoffait de jour en jour. Leur voix et leur bouche cachées par le masque se sont vu amplifiées par des micros sans fil. . Imaginez un peu une image retouchée par Photoshop avant la pandémie pour un scénario futuriste, des yeux, un nez, des lunettes embuées pour certains puis un carré de couleur et au milieu une boule noire qui vous défigurent et un casque qui vous transforme la mise en plis. Puis sont arrivés les micros sensibles pour capter les voix des élèves en présentiel afin de se faire entendre de leurs camarades en distanciel et tout à coup une voix grave ou aigue qui vous interpelle et qui sort du mur : Bonjour Monsieur Davanture! Et là, vous sursautez et vous prenez toute la mesure de la complexité de ce nouvel enjeu pédagogique. J’espère qu’ils ont de bons ostéopathes ou kinésithérapeutes pour soigner leurs torticolis dues aux contorsions : ordinateur pour les élèves en distanciel, tableau pour la séquence pédagogique, face à face pour les élèves en présentiel…sans parler de l’effort pour placer sa voix pendant 6 heures derrière un masque, c’est comme si vous aviez envie de souffler sur une bougie avec une vitre qui vous en empêche…ça, c’est pour la partie physique, qu’en est-il du psychologique lorsqu’on entend des voix qui sortent du mur ? Quant au cœur de métier, il requiert d’un grand talent, ça nous le savions au regard du nombre de réformes qu’ils rencontrent au cours d’une carrière! Mais là, nous battons tous les records. En un an, il leur a fallu passer du face à face pédagogique, à la classe inversée pendant les premiers mois d’isolement social, puis des cours dédoublés entrainant la répétition tel Sisyphe avec son caillou, puis des cours hybrides asynchrones et maintenant, des cours hybrides synchrones se profilent pour le mois de mars. Toute réforme requiert d’une formation continue qui court d’une réforme à l’autre, toute pandémie, d’un caractère d’acier, d’une élasticité intellectuelle et d’un enthousiasme entrainant pour nos 900 élèves. Quel corps de métiers a su faire cela en des temps records mais surtout capter l’attention de jeunes esprits en devenir? Franchement chers collègues enseignants, je vous tire mon chapeau ! En conclusion, cette rentrée atypique et unique a permis à tout le monde de se réinventer, de se réorganiser et de trouver de nouvelles méthodes de travail, d’organisation et malgré tous les obstacles à surmonter, le fait d’être ensemble et de se mettre à la place des autres nous pousse à continuer et à avancer. Marjane Dreux, 2nde 2

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