Journal nº1 - 10/02/2020
C’est avec un sentiment de grande fierté pour le travail entrepris par cette belle équipe d’élèves que j’inaugure cette colonne. J’évoquerai pour l’occasion le croisement entre mes deux professions : celle de professeur et celle de psychologue-psychanalyste.
L’une comme l’autre se sont imposées à moi au cours du temps. Je n’ai pas le souvenir d’y avoir pensé comme des carrières possibles à l’époque où l’on nous demande au lycée de nous positionner sur notre orientation.
Ma passion pour la littérature m’a d’abord conduit à envisager le métier d’enseignant. La psychanalyse est arrivée plus tard dans ma vie : elle m’a permis de revenir autrement sur les textes littéraires. Cela a été une sorte de révélation, qui ne m’a pas quittée.
Mais c’est avant tout l’expérience humaine, au-delà de mon intérêt pour la recherche théorique et ses applications, qui me porte au quotidien. En ce sens, le regard de la psychanalyse me fait envisager sous un angle particulier le rôle de professeur.
Il m’amène à penser l’école comme le cadre, selon l’expression de Freud, d’un «jeu de vie»: un espace où se joue bien plus que la transmission de connaissances, à une époque, celle de l’adolescence, où il est essentiel de pouvoir trouver les mots pour tenter de comprendre le surgissement de désirs nouveaux, de dire qui l’on est, et quelle place on occupe dans la société. La psychanalyse nous enseigne que cela ne peut se produire que dans le cadre de relations aux adultes à la fois souples et structurantes et que la nécessité d’apprendre ne peut être séparée d’un désir de savoir : sur soi, sur l’autre, sur le monde.
L’étude du français nous fournit les outils pour le comprendre, le questionner, et l’exprimer.
M.Tilly
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